À l’ère du réchauffement climatique, l’architecture, en tant que domaine de création majeur, devient un tremplin pour la recherche liée à la durabilité. Nous voyons alors émerger une vague de matériaux et de procédés constructifs à la fois impressionnant et curieux. Dans cette lignée, nous nous intéressons aujourd’hui aux champignons ! Aussi extravagant que cela puisse paraître, le mycélium (partie végétative d’un champignon) se popularise de plus en plus en tant que matériau de construction …
D’un champignon à une brique; Comment ça marche ?
L’architecte Dirk Hebel, l’un des pionniers de la construction en mycélium déclare ‘’ Il faut seulement deux semaines pour faire pousser n’importe quelle forme que vous souhaitez’’. Effectivement, cultiver un objet en mycélium est bien plus simple qu’on l’imagine; Dans un moule, le mycélium est mélangé avec d’autres matériaux organiques tels que de la sciure de bois, du sucre de canne ou de la paille. Le mycélium agit alors de la même manière que dans la terre et consomme les nutriments de ses matériaux, pour enfin foisonner en une masse dense et spongieuse. Afin d’éviter la poussée des champignons, l’objet est ensuite déshydraté au terme d’une cuisson. Certains chercheurs poussent le procédé plus loin en intégrant les nouvelles technologies; Eric Klarenbeek crée en 2013 une chaise en mycélium imprimée 3D.
Le Mycélium un matériau fragile ?
Bien que les techniques de construction en Mycélium évoluent rapidement, sa commercialisation à grande échelle demeure un défi. Les doutes sur sa résistance par rapport à d’autres matériaux plus communs provoquent une certaine réticence. Pourtant, quelques sociétés, comme le groupe indonésien Mycotech ou l’américain Ecovative, ont déjà réussi à créer des briques non seulement légères, résistantes, mais aussi isolantes et étanches. Ce produit a été mis en avant à travers le pavillon Hi-Fy, réalisé par l’atelier d’expérimentation, The living, en 2014 à New York. Un pavillon éphémère de 13 mètres de haut, qui fonctionne comme un microclimat, abritant les visiteurs les journées chaudes de l’été. L’architecte Dirk Hebel va de l’avant et élabore en 2017 avec Mycotech une structure autoportante où la fragilité du mycélium est palliée par une forme en arbre très complexe. Cette structure appelée ‘’ Mycotree’’ peut, supporter, à elle seule, le poids d’un bâtiment à deux étages.
Un cycle de vie perpétuel
L’architecture à base de mycélium révolutionne à bien des égards les procédés de construction. Outre sa production naturelle et non énergivore, un objet en mycélium revit perpétuellement; Constitué à 100 pour cent de matériaux biodégradables, une fois son utilisation terminée, il peut être recyclé en engrais. En l’occurrence, les 10 000 mille briques du pavillon Hi-Fy ont été utilisées dans les jardins de la communauté locale après démontage. D’autres architectes vont jusqu’à éviter le processus de déshydratation des structures laissant les champignons pousser dessus, pour des fins de consommation alimentaire. La firme d’architecture Astudio et le designer Aleksi Vesaluoma développent en 2017 un prototype de mycélium en ‘’saucisse’’, destiné à la création d’un restaurant : les plats y seront concoctés à partir des champignons cultivés sur la structure.
L’architecture en mycélium, se développant à grande vitesse depuis quelques années, ne peut que provoquer fascination et optimisme quant aux nouveaux horizons qui s’offrent à nous en termes d’architecture écoresponsable.
Ons larguech
Apprentie architecte
et flâneuse passionnée