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À l’approche des Jeux Olympiques 2020, plusieurs chantiers s’achèvent dans la capitale japonaise. Cet événement tant attendu est non seulement une célébration sportive incroyable, mais aussi une opportunité rêvée pour le pays hôte de partager sa culture avec le monde entier et de se doter de nouvelles infrastructures. Ainsi, les Jeux Olympiques, présentent à chaque édition un défilé de créations architecturales et artistiques majeures. Pour cet épisode, le Japon voit grand et promet un événement hors du
commun; les JO ont effectivement une symbolique particulière pour le pays du Soleil Levant, : leur tenue en 1964 au Japon a symbolisé la renaissance du Japon après la guerre, et celle de 2020 y fait écho, symbolisant, à son tour la renaissance d’un pays lourdement affecté par les catastrophes naturelles dévastatrices au cours de ces dernières années.

La saga du stade national de Tokyo 

À chaque grande manifestation sa part de polémiques et de tollés. Pour les JO 2020, c’est le lieu principal de l’événement qui est au coeur de l’agitation! La construction du stade national de Tokyo a fait l’objet d’une histoire controversée et pleine de rebondissement qui a duré plus de 7 ans. Le concours pour la conception du stade à été organisé en 2012 et c’est la défunte architecte Zaha Hadid qui l’a remporté. Aussitôt, les images du projet dévoilées, un grand mouvement de contestation éclate; appels à annulation et pétitions signés en masse sont organisés, avec en tête, les architectes japonais, gagnants du prix Pritzker Toyo Ito et Fumihiko Maki. Les raisons de l’opposition au projet sont diverses, dont la destruction du paysage des jardins sacrés du Meiji Jingu, à proximité desquels le projet est situé de par son échelle incroyable, les répercussions d’une restriction d’hauteur de 15 mètres, levé spécialement pour le projet, la relocalisation de 180 habitants, les coûts qui dépassent largement le budget …etc. Malgré de longues négociations, le gouvernement japonais abandonne le projet en 2015 et c’est l’architecte japonais Kengo Kuma qui s’est vu attribuer la construction du stade à la suite d’un second concours. Le design proposé par l’architecte est cette fois très sobre; ‘’ Un temple en bois ‘’ flanqué de végétation qui se fond délicatement dans le décors. Bien que de loin moins extravagant que le premier projet, le stade de Kengo Kuma n’échappe pas aux critiques et aux contestations. Le gouvernement japonais est soupçonné d’utiliser, pour la construction, du bois tropical provenant de l’Etat du Sarawak, souffrant de déforestation !

Proposition de Zaha Hadid

Proposition de Kengo Kuma

La station Takanawa Gateway : un nouveau repère pour la ville !

Kengo Kuma est décidément l’architecte star de ces éditions des JO, puisqu’il décroche en plus du stade national, l’important projet de la gare Takanawa. Cette station qui dessert l’un des trains les plus achalandés au monde, a été pensée comme une nouvelle centralité à l’échelle du quartier Takanawa; un nouveau lieu de loisir et de rassemblement et, surtout, un nouveau repère pour la ville.  Pour répondre à ce programme ambitieux, Kengo Kuma imagine un espace de vie ouvert et lumineux, abrité par une toiture monumentale de 4000 m2. L’impressionnante structure plissée et inspirée des “origamis” et des ‘’shoji’’ des parois en papier translucide, montées sur une trame en bois unique à l’architecture japonaise traditionnelle. En expliquant son idée, Kengo Kuma déclare fièrement ‘’ J’ai exprimé une délicatesse et une tendresse uniques au Japon. Je veux que ce soit une station qui symbolise une nouvelle ère ‘’.

Takanawa gateway station: Intérieur

Takanawa gateway station

Le nouveau Okura hôtel … une histoire qui perdure?

L’histoire de l’emblématique hôtel Okura est étroitement liée à celle des Jeux Olympiques. L’hôtel a en effet été construit en 1962 par l’architecte Yoshio Taniguchi, à l’occasion des premiers jeux olympiques, organisés au japon. L’hôtel se distinguait à l’époque par sa façade moderniste et son jardin luxuriant. Son succès fut tel qu’il a accueilli les sommets et événements diplomatiques les plus importants du Japon et qu’il a été le théâtre d’une multitude de récits fictionnels, notamment le fameux roman d’espionnage d’Ian Fleming, paru en 1964, “On ne vit que deux fois”. En 2015, à la grande surprise des Tokyoïtes, les investisseurs de l’hôtel décident de le démolir pour cause de vulnérabilité sismique et de construire un nouvel hôtel plus performant, mais surtout plus haut, qui ouvrira ses portes lors des JO 2020. Malgré la protestation d’historiens, concepteurs et protecteurs du patrimoine à travers le monde, l’hôtel a été démoli, et aujourd’hui, une tour en verre de 38 étages le remplace. Dans une tentative de consoler les nombreux détracteurs et de préserver le cachet originel de l’hôtel, plusieurs espaces, tel que le mythique hall d’accueil, ont été reproduits à l’identique par l’architecte Yoshiro Taniguchi, fils du concepteur original.

Nouvel Hotel Okura

Ancien Hotel Okura

La tour ‘’ Toranomon hills station tower ‘’: Toujours plus haut !

D’autres grands noms de l’architecture à l’échelle internationale prennent part à la transformation de la mégalopole japonaise. Parmis les 40 tours polyfonctionnelles érigées, à l’occasion des JO, figure la Toranomon Hills Station Tower; Un colosse de verre signé OMA! Le projet abritant des hôtels, des bureaux, des magasins ainsi qu’une nouvelle station de métro, se distingue par son intégration à l’échelle urbaine de la ville. D’après les concepteurs, le gratte ciel jouera le rôle d’un nœud connectant la station aux tours et quartiers  avoisinants.  « L’axe d’activité est conçu pour traverser la base, en s’étendant verticalement pour envelopper la tour; communiquer l’activité du complexe à l’échelle urbaine. »

Toranomon hills station tower

Toranomon hills station tower

Bien que cette édition des JO s’annonce prometteuse et pleine de surprises, les transformations drastiques que connaît la ville de Tokyo, à coup de démolitions et de construction intensive pour un événement unique et ponctuel, nous laissent méditer quant à l’avenir du développement de la ville contemporaine. 

Ons larguech
Apprentie architecte
et flâneuse passionnée