La prolifération des technologies de l’information et de la communication, jumelée à l’alerte écologique que nous vivons, donnent naissance ces dernières années à l’idée de ‘’ Smart City ‘’. Présentée comme étant la solution ultime à tous les maux du citadin du 21ème siècle, la ‘’ Smart City ‘’ se place aujourd’hui au cœur des problématiques du monde de l’architecture et de l’urbanisme. En effet, cette expression sous laquelle s’entremêlent diverses notions telles que l’écologie, la numérisation, la collecte de données ou encore la durabilité devient le terme en vogue du moment, et est brandie à tort et à travers, allant jusqu’à donner son nom à des cours dans les écoles d’architecture. Toutefois, le concept de ‘’ Smart city ’’ laisse planer des doutes et soulève plusieurs questions! Comment est-ce qu’une ‘’ Smart city ’’ fonctionne? qui sont ses principaux acteurs? Et quelle place tient l’Homme dans sa conception ? Ce sont là les questions principales.
Une Smart city c’est quoi?

Villes du Futur de Luc Schuiten
Lorsque l’on pense à une Smart city, la première chose qui nous vient à l’esprit est l’imagerie relative aux villes futuristes et utopiques dépeignant des voitures volantes et des mégastructures verticales.
Loin de ça, la ville intelligente tire simplement son nom de son système de fonctionnement. Une ville intelligente est une ville qui se base sur le principe de collecte et de traitement des données informatiques dans le but d’améliorer l’efficience des services offerts aux citoyens et de gérer les énergies de manière plus durable et étudiée. Une « smart city », c’est donc une ville ‘’ sensorielle ’’ qui à l’aide de capteurs (caméras de surveillances, boucles électromagnétiques, antennes-relais …etc) compile les flux de donnés et peut prendre conscience du niveau de pollution, de l’état du trafic ou encore de l’énergie utilisée pour alimenter l’éclairage public et de s’auto-réguler afin de faciliter la vie quotidienne de ses habitants et réduire son empreinte environnementale.

La ‘’ Smart Forest City de Mexico‘’ de Stefano Boeri
La théorie à l’épreuve de la réalité
Si la conception des villes était auparavant exclusivement réservée aux architectes et aux urbanistes, la conception d’une Smart city stipule la collaboration de plusieurs nouveaux intervenants notamment les entreprises de technologie tel que Microsoft, Cisco ou IBM. Malgré la complexité du processus, des expériences de « Smart Cities » commencent à s’opérer un peu partout dans le monde. En Corée du Sud, la ville de Songdo, première ville intelligente sud-coréenne, accueille ses premiers habitants après 15 ans de travaux. ‘’ La ville la plus intelligente au monde ‘’, jusqu’à présent, est presque achevée et se présente comme une cité expérimentale ambitionnant à devenir un modèle réussi de la ville future ; À Songdo, la quasi totalité des bâtiments sont certifiés LEED, les espaces verts présentent 40% de la superficie qu’elle occupe, et tout y est connecté. Ce projet pharaonique a été conçu au terme d’une collaboration entre le bureau d’architecture américain PDK et le géant de l’informatique CISCO. Les maisons à Songdo peuvent vous informer de votre consommation détaillée d’énergie et d’eau en temps réel, et peuvent différencier les déchets recyclables des non recyclables. Le tri et la disposition des déchets y sont d’ailleurs automatisés.

La ville de Songdo

Centre opérationnel de la ville de Songdo
Un peu plus au sud du continent, la nouvelle ville de Masdar pousse à la lisière du désert d’Abu Dhabi. En construction depuis 2008, Masdar prévoit de devenir la ville intelligente durable modèle avec zéro émissions de CO2 et zéro déchets. Masdar sera alimentée par des hectares de fermes solaires et les voitures y seront interdites au profit d’un nouveau système de transport en commun ; un réseau de « pod cars », des véhicules électriques automatisés.

Pod cars de Masdar
Bien qu’on ne puisse pas encore tirer des conclusions définitives quant au succès des « smart cities », les expériences en cours promettent un progrès notable dans la gestion des villes et reçoivent un grand engouement.
À chaque médaille son revers ?
Les « Smart Cities » semblent ainsi être l’alternative adéquate pour l’évolution de la ville contemporaine. Toutefois, elles font face à autant de supporters que de rétracteurs et les raisons n’en sont pas moins légitimes. Plusieurs questions relatives à la collecte des données restent floues et on s’interroge quant à la limite entre données publiques et données personnelles qui devient de plus plus disparate dans les réseaux infinis de la Smart City. Et si la Smart City se transformait en un gigantesque outil de surveillance? Le système de crédit social instauré en Chine ne fait qu’augmenter les doutes autour de la question. Rem Koolhaas critique sévèrement les Smart city dans son article paru dans la revue de la commission européenne, intitulé ‘’ les villes intelligentes sont-elles condamnées à être stupides? ‘’ ‘’Si la ville est de plus en plus un système de surveillance complet, la maison se transforme en une cellule automatisée et réactive, … les planchers, intégrés avec des capteurs afin que le changement de position d’une personne de la verticale à l’horizontale, pour quelque raison que ce soit, sera enregistré. Bientôt une cage de Faraday sera un élément nécessaire de toute maison – une pièce sûre dans laquelle se retirer de la détection numérique et de la préemption.’’

Système de reconnaissance faciale à Beijing
Ons larguech
Apprentie architecte
et flâneuse passionnée