Bien avant que le COVID-19 devienne familier, les architectes avaient dû faire face à des enjeux de santé publique. Nos villes, lieu de diffusion du virus, semblent aussi avoir la capacité, une fois bien gérées par les spécialistes de planification urbaine stratégique, de le contenir.
La ville dystopique
C’est évident, le modèle existant dans le monde a révélé ses défaillances, avec un degré différent d’un lieu à un autre. Aujourd’hui, c’est la nature contre l’Homme. Le COVID-19 n’a pas créé la crise, il l’a juste accélérée. La mondialisation et la gentrification ont aggravé la situation. Cette pandémie a montré que, malgré les efforts, l’infrastructure urbaine est encore incommode. La conception de nos espaces qui reçoivent une forte densité de personnes est objet de doute. Le rapport actuel de l’Homme à la voiture et la place des pistes cyclables dans la villes, dédoublées par l’état du transport public, sollicitent l’interrogation sur les slogans de la ville durable, saine et équitable.
Le virus est susceptible de toucher tout le monde, même les villes qu’on jugeait ’« anarchiques » et non-réglementaires, l’inégalité sociale est mise à nu. On se pose des questions sur la facilité d’accès aux services de santé et de survie pour chacun dans le monde, et on évoque la nécessité de réfléchir aux sans abris.
La ville fantôme
Mis à part la paralysie économique mondiale, l’état de panique, les vols annulés, le manque en approvisionnement dans les supermarchés et surtout la crise sanitaire, un fait intéressant est généré. Les gens, depuis leurs maisons, rayonnent d’attachement à la vie, contrastant avec des villes désormais désertes, et devenues fantômes. Ceci apparaît comme le bon moment de réfléchir à l’impact de la stratégie de planification centralisée et dense.
Et après ?
Ne nous contentons pas simplement d’attendre la fin de cette pandémie. La Chine a montré que détenir les technologies avancées de son côté est une richesse. Les villes intelligentes étaient plus ou moins favorisées. Les pays qui donnent la priorité au secteur de la construction en temps de crise et qui mettent toutes leurs ressources intellectuelles et surtout financières pour subvenir aux besoins en matière d’architecture hospitalière urgente -et de santé en général- sont favorisées.
La demande d’une architecture ultra-rapide n’est pas un sujet d’actualité, ce qui est surtout important aujourd’hui, c’est d’étendre la réflexion portée sur l’avenir de nos villes. Les architectes doivent prendre part au débat engendré par cette catastrophe mondiale, car il faudrait après cette crise que le monde “urbanisé” change.
Wiem Alimi