Au cours des derniers mois, le Coronavirus nous a perturbé la vie partout dans le monde et nous a fait plonger dans un état global d’incertitude et de mélancolie. Des mesures de précaution ont été essentielles pour limiter au maximum le contact des personnes, ce qui a donné lieu, paradoxalement, à un intéressant débat sur l’avenir du travail.
Le confinement, en obligeant les gens à travailler à domicile, a mis en valeur les avantages d’une telle expérience. Ce n’était pas la naissance des employés éloignés, mais c’était sans doute le facteur qui a augmenté leur effectif, le déclic ayant clairement provoqué une réflexion sur les possibilités de changement éventuelles qui pourraient se manifester surtout lorsque le monde, les villes et les entreprises reviendront à la normalité.Pour les employés, cette expérience signifie la liberté de déplacement, de gestion du temps, de choix de l’atmosphère du travail et un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Cet emploi compatible aux souhaits des employés renvoie à une meilleur bien-être, et donc à plus de productivité. Ceci nous amène aux entreprises et l’opportunité pour elles, d’embaucher les meilleurs talents, sans contrainte de limites géographiques, tout en économisant les frais relatifs à la gestion des immeubles de bureaux.Pour les concepteurs d’espace, ceci entraînera une évolution dans la recherche de spatialités alternatives relatives aux nouveaux cadres de travail. L’architecture, à l’intérieur, sera sans doute influencée. Au lieu de créer un ton résidentiel dans les bureaux, nous chercherons à donner plus de flexibilité aux lieux résidentiels pour abriter la nouvelle fonction du travail.En outre, le concept de coworking sera renforcé. Des bureaux communaux permettront aussi d’éviter l’isolement physique, sans peine de déplacement et sans risque d’émission de gaz à effet de serre. Plus encore, parallèlement à l’évolution technologique, les architectes seront peut-être appelés à inventer une nouvelle typologie d’espace non encore réalisée réconciliant le physique et le numérique.Après les bureaux à plans ouverts qui se sont multipliés, depuis la moitié du vingtième siècle, pour atteindre le premier rang comme typologie de conception dominante de bureaux, tous les discours controversés qu’ils sollicitent de nos jours sur la santé mentale des employés et la charge de refroidissement et de chauffage subis par les entreprises, la montée depuis le début de ce siècle de nouveaux espaces qui regroupent le travail et le jeu, et le changement d’attitude induit par le Coronavirus, n’est-ce pas le moment pour réfléchir sur la prochaine révolution architecturale d’un monde de travail plus sain ? Que serait alors l’avenir des anciens espaces? Seront-ils réhabilités en de nouveaux espaces de vie au sein de la ville?Le concept de travailler dans la typologie traditionnelle de bureaux n’est pas, en ce moment, définitivement et irréversiblement rasé, mais était-il en cours d’altération lorsque le Coronavirus est venu constituer un catalyseur qui finira peut-être par sa disparition ? La question reste ouverte.
Wiem Alimi