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Lorsqu’on parle des espaces d’art publics en Tunisie, ceci ne renvoie point au fameux 1% du budget de l’Etat qu’on alloue à la décoration des bâtiments publics. On parle plutôt des nouvelles générations d’artistes avides de la question démocratique de l’art, soucieux de le faire sortir de son cadre institutionnel élitiste pour rejoindre le citoyen, on parle de leur aspiration à reconquérir l’espace urbain, à y fusionner leurs savoirs, à leur souhait de mise en place d’espaces architecturaux intermédiaires acceptant leurs différences, ouverts à l’intervention de tous les artistes et tous les citoyens, qui seront leurs refuges communs. On parle des expériences sorties des entrailles de la révolution et qui se battent encore pour retrouver leur place dans la ville, notamment à Tunis.

L’art et l’espace public, une réalité composite

Forger une nouvelle réalité artistique et réaffirmer le rôle des espaces publics en tant que fabriques d’urbanité fonctionnent conjointement. Il est indubitable que l’espace d’art public est le terrain favorable pour la rencontre d’un large public réunissant toutes les catégories sociales qui prennent part, avec égalité, au processus de création. Entre-temps, une citoyenneté commune s’affirme. Les nombreuses réflexions des artistes et des citoyens redynamisent l’espace public architectural et/ou urbain. Cet espace n’est plus celui des controverses mais de la libre pensée et du vrai activisme. Quand il est allié à l’art en public, l’espace public acquiert son potentiel enfouillé (à reformuler) d’être une pulsion économique et sociale.

 L’espace public artistique, un champ à réactiver

Ces lieux, en constituant des ponts entre les artistes, entre les artistes et les citoyens et entre les citoyens eux-mêmes sont des substances effectives dans le processus de transition démocratique. Néanmoins, l’existence de ces espaces, qui se démarquent par leur facilité d’accès au public, est menacée. A l’échelle urbaine, l’art ne fait pas partie intégrante de notre quotidien. Architecturalement, certains de nos espaces publics d’art, comme « Mass’Art », réussissent à renaître. Tandis que d’autres, comme le « Whatever Saloon » qui avait à la fois abrité les soirées des JCC 2014 et ouvert ses portes pour les artistes de l’informel, disparaissent.

 Œuvrer nos villes est un projet qui reste toujours en chantier.

Texte et photographies
Wiem Alimi